Foi, Repentance, Pardon, Réconciliation

Le 18 septembre 2018 par dans Etudes Bibliques

Un fils éloigné, un père aimant : le fils prodigue.

La rédemption et la réconciliation avec son prochain sont le cœur, la matrice de la foi, elles n’en constituent pas moins le socle commun à toutes les confessions chrétiennes. La rédemption est ancrée dans la foi en Jésus-Christ, tout comme la réconciliation est ancrée dans le pardon, tel celui qui est donné dans la  parabole du «fils prodigue».

Dans cette parabole, l’un des fils réclame son héritage et va le dilapider. Puis, peu à peu, le fils entre dans une tragique spirale, sombre et, au plus profond de sa détresse, se remémore le temps où il vivait avec un père aimant, un père qui est demeuré dans cette relation de bienveillance avec un enfant qui a finalement abîmé sa vie mais décide d’entrer à nouveau dans ce cercle vertueux.

Pourtant, ce père n’a  jamais renié ce fils  qui s’est éloigné de lui. Le voyant de retour, au seuil de sa maison, il court l’embrasser et, devant son attitude de profonde tristesse, d’humilité, de regret, lui accorde son pardon sur le champ.  Toute la dimension de la réconciliation professée par les chrétiens tient dans ce pardon donné par le Père, ce Père qui incarne l’amour sans conditions. Le pardon est ainsi résumé dans ce verset de l’Evangile de Jean 3, 16 1 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse point… »

Le pardon, acte de foi et de repentance

Ce pardon ainsi donné est inconditionnel mais n’est toutefois pas sans conditions. Le pardon est en effet accordé par Dieu sans réserves à celui qui croit et décide de changer de voie. Il n’est pas le contraire de la justice mais est le prolongement d’un juge juste qui fait grâce, qui accorde sa bénédiction à celui qui se confie en lui, exactement comme le père de cette parabole que relate Jésus.

L’une des conditions pour que le pardon puisse être donné sans contredire la justice est d’abord la démarche de foi (je crois) qu’accompagne la repentance de l’homme à l’égard de son péché (j’agis), c’est-à-dire la pénitence sincère de l’âme.  La repentance, dans les milieux chrétiens, s’inscrit dans une prise de conscience, il s’agit d’un retournement. Les non-croyants qui découvrent la foi chrétienne, par un long processus ou un parcours spirituel, se laissent saisir par l’expérience de la grâce. Le cheminement peut être plus radical et les textes du Nouveau Testament rapportent de telles conversions qui caractérisent également bon nombre d’assemblées évangéliques mais aussi d’autres dénominations chrétiennes.

Le pardon est un acte qui vient effacer, couvrir notre injustice, il n’exige aucune forme de pénitence à s‘infliger ce qui ne signifie pas que celui qui est touché par le désir de repentance soit exempté de toute démarche de réparation.

Le Christ, nouvel habit du cœur pardonné.

Le pardon, pour nous, chrétiens, ne s’oppose nullement à l’exercice de la justice. Il est une invitation à vivre désormais un changement en portant les fruits de la régénération et non les stigmates du passé car la foi dans les blessures de Christ, mort à notre place, nous conduit à cette réconciliation. Christ  nous revêt désormais d’un habit qui cachera pour toujours ce que fut jadis notre honte, l’opprobre de toute une vie.

On retrouve cette allégorie du vêtement dans les textes bibliques : Zacharie 3, 1-5 « Otez-lui les vêtements sales! Puis il dit à Josué: Vois, je t’enlève ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête. »; Ephésiens 4, 23 « Revêtez l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. »

C’est en revêtant Christ, en quelque sorte, que nous quittons désormais ce que fut notre ancienne vie de drogué, de dépravé, de meurtrier, de pécheur. Oui nous croyons que le pardon de Dieu est absolu et couvre une multitude de fautes. Esaïe 55, 6-7 : « Tournez-vous donc vers l’Eternel, tant qu’on peut le trouver, adressez-vous à lui tant qu’il est proche ! Que le coupable abandonne sa voie, et l’homme malfaisant ses mauvaises pensées ! Et qu’il revienne à l’Eternel qui aura compassion de lui, à notre Dieu qui lui accordera un pardon généreux ! »

Le pardon reçu, comme nous le concevons dans les confessions chrétiennes, suppose une transformation intérieure, une metanoïa, qui ne résulte pas d’œuvres qui nous seraient comme imposées à la suite d’une remise de peine mais d’une démarche opérée avec le secours, la grâce et l’esprit de Christ en nous.

Celui qui a ainsi fait l’expérience d’une vie éloignée de Dieu, sans lois, transgressant toutes les morales, peut alors éprouver une immense reconnaissance contrairement à ceux qui ne ressentent pas le besoin d’être pardonné. Certes, les milieux évangéliques enregistrent des conversions qui frappent les médias et les amis issus de confessions plus traditionnelles mais celles-ci relèvent de la grâce. Dieu entend toucher quiconque le reçoit sans discriminer son origine, son statut, son parcours, son orientation.

Le pardon, étreinte du Père.

Il importe également de préciser que la foi et la repentance ne suivent pas une chronologie particulière, les deux démarches se vivant simultanément. Elles sont la marque d’un désir d’être changé et de s’engager sur un nouveau chemin, loin de ce que fut  la vie passée.

Au fond, la conversion est cette aspiration à être étreint par Dieu, ce père qui embrasse le fils perdu. La repentance, pour nous chrétiens, est le point de départ de la conversion. Selon nous, foi et repentance sont indissociables.

Lorsque nous nous engageons à la suite de Christ, nous nous tournons vers lui pour être pardonnés de nos péchés et nous acceptons de le revêtir, d’être désormais habité par lui.

En nous tournant vers lui, dans une démarche libre et non contrainte, nous sommes invités  à le suivre désormais, à vivre en authentique disciples de Christ.

Or, être disciple, n’est pas s’astreindre à un rite, à vivre en se coupant des autres. Etre disciple, c’est savoir incarner la réconciliation, c’est porter en nous la réconciliation avec les autres. C’est pourquoi aucun chrétien ne saurait entrer lui-même dans une démarche où le pardon n’aurait pas de place. Pardonné, je suis exhorté désormais à en manifester les fruits, les  fruits de la grâce, à commencer par l’amour de Christ pour être le prochain de quiconque.

L’authentique repentance conduit au salut.

« La rédemption obtenue sur-le-champ »,  ne nous choque pas et nous constatons que c’est une réalité. En effet, si celui qui reçoit les semailles de la bonne nouvelle est pénétré par cette volonté de se laisser envahir par l’amour de Christ et le désir de s’abandonner entre ses mains, il comprendra que l’authentique repentance conduit au salut. Ce salut, sans condition de temporalité et de preuves qu’il faudrait apporter, confirme la parole de Jésus au malfaiteur qui considérait juste la peine reçue et  implorait Jésus de ne pas l’abandonner. Le malfaiteur fut pardonné sur-le-champ. Souvenons-nous que la justice de Dieu transcende nos normes. La parabole des ouvriers de la dernière heure souligne cet aspect d’une justice divine qui n’est décidément pas fondée sur des critères humains.

« Mais  faut-il pardonner immédiatement… ?». Sur ce point nous sommes  plus nuancés. En effet le pardon ne peut être accordé que si une démarche de repentance est engagée pour que la réconciliation puisse avoir lieu. La foi est centrée sur la personne de Christ mais elle n’occulte pas la personne, son passé, ses blessures, ses traumatismes. La vie chrétienne suppose la compassion, la commisération. Une personne qui change de vie a une histoire et son histoire ne s’efface pas. Christ engage dans le cœur de la personne avec la délicatesse de son Esprit, une œuvre de guérison, de restauration, de transformation.

Nous recommandons à nos lecteurs le livre de Jacques Buchhold, Doyen de la faculté de théologie de Vaux-sur-Seine : « Le pardon et l’oubli ». Dans ce livre l’auteur précise que la démarche de pardon du prochain est exigeante et « pas sur-le-champ ». Le pardon révélé par Jésus-Christ apparaît  comme la manifestation absolue de l’amour; le pardon est un défi, mais c’est avant tout une exigence. Il s’agit avant tout de se mettre en route, de s’appuyer sur la grâce qui transforme, change notre regard sur les autres, mais cela relève rarement d’une démarche instantanée et superficielle. Le pardon doit toucher aux entrailles et être vécu avec profondeur, humilité.